La nostalgie 90’s bien allumée de Los Déglingados

Point d’orgue des 6 ans de la halle Tropisme : la soirée du samedi 18 janvier, joyeusement fiévreuse. Avec le retour, après avoir écumés les bals de village de la vallée cévenole, de Los Déglingados. Un combo derrière lequel se cache des musiciens expérimentés, passés par le conservatoire de Montpellier pour certains, qui réinventent l’orchestre de variété des années 90 en reprenant sans distinction des tubes qui ont marqué leur enfance.

Au début de ce millénaire Mark Ronson, le producteur d’Ami Winehouse, a réussi un tour de force. Faire aimer Britney Spears à celles et ceux qui pourtant se seraient jurés de la détester corps et âme, grâce à une reprise de Toxic devenu sous les mains du futur orfèvre d’Uptown Funk -interprété par Bruno Mars- un tube aux cuivres et à la rythmique groovy, auquel il a collé un a cappella posthume du flow baveux le plus célèbre de Brooklyn et du reste de la planète, Ol’Dirty Bastard. Rappeur à la dégaine et à la discographie diamétralement opposés à l’ex-idole surmaquillée des ados.

«Un show endiablé autour des 90’s»

Quelque part, c’est avec ce genre de contre-pied autant drôle que propice à nous faire hocher la tête -parfois avec des tubes de vedettes d’un jour décriées hier- que Los Déglingados a enflammé la Halle Tropisme pour son sixième anniversaire.

Ce qui nous fait oser ce comparatif ? Le début du set. Une revisite soul amusée de Baby One More Time interprétée par JP Fonky, ancien élève de Pierre Diaz, connu pour sa voix rauque et son jeu énergique au saxophone ténor, de son Clapas natal, où il fit partie de la regrettée fanfare métal Born To Brass, à la Folie Douce de Val Thorens où il fait désormais profiter les vacanciers de ses talents (ci-dessous : JP Fonky déguisé en bourreau au Festival des fanfares 2010).

Né dans l’urgence de trouver des cachets à JP

Revenons un peu en arrière. En 2022, alors que JP (Florent Gabard de son vrai nom) était en difficulté pour atteindre le nombre de cachets suffisant pour prétendre au renouvellement de son intermittence, il lança un appel désespéré à son réseau, sur les réseaux. Et lui vint en aide un frère d’instrument (aussi bassiste et chanteur), Loïc Mounier dit Lolo. Cet hyperactif lui dégota en deux temps trois mouvements une équipe de choc composée d’ex-camarades de classe Jazz du conservatoire de Montpellier et d’autres trublions qu’il croisa sur scène : Gaby à la guitare, à la trompette et au vocoder, Rotchocho à la basse, Pitou aux claviers et au trombone, Martin à la batterie et au chant, Néné au rap et à l’ambiance générale (en bonus François aux lumières et Théo à la technique lors des représentations). 

En plus d’être des musiciens aguerris, tous ont en commun d’être des enfants du Club Dorothée, passionnés par tout ce qui a marqué à jamais les moins de 18 ans de la décennie post-chute du mur, de Steven Spielberg à Séverine Ferrer. 

Le groupe qui s’amuse plus que vous

Pour s’amuser -leur slogan est «Le groupe qui s’amuse plus que vous» -, pour la survie professionnelle de JP, et pour faire honneur à leurs premières années de vie déterminantes dans leurs goûts, le groupe se donna alors pour mission de réhabiliter des plaisirs coupables des années 90, leurs premiers émois, piocher dans toutes ces chansons autrefois vendues par millions au format cd deux titres dans les supermarchés, dont les paroles sont connues de tous. Pratique pour faire chanter le public en concert. Des mélodies simples parfois exécutées par des machines qui peuvent prendre une toute autre tournure, plus réjouissante, quand jouées avec des instruments. Rap, grunge, dance, zouk, techno, ragga, chanson, B.O, tout ce qui façonna ces années, tout y passera. Sans à priori. Et avec une bonne dose d’absurde et de folie. Un orchestre de bal populaire ne se prenant surtout pas au sérieux, mais sérieusement tapageur.

Un grand n’importe quoi à la Monty Python

Après avoir endiablé des fêtes de village principalement en Aveyron, en Ardèche et dans l’arrière-pays héraultais, et deux ans après une première prestation confidentielle au Popular Brewing à leurs débuts, enfin les Déglingados étaient de retour à Montpellier.

Résultat : une salle pleine, dont des visages connus de la vie nocturne du centre-ville, chauffée par Néné, un des deux mc’s de Bois Vert, ici dans le rôle du DJ à la sélection digne des meilleurs tops du Hit Machine. Puis tous les membres du groupe montèrent sur scène vêtus pour certains de robe à séquins, pour d’autres de fourrures synthétiques rappelant Les Nouvelles Aventures de David Crockett, comme en vendait jadis le magasin Piedené. Des bananes et des bandanas en guise de parures. Des chaussons peluche et des chaussettes Denver, le dernier dinosaure (l’inspiration du logo du groupe) aux pieds. Un grand n’importe quoi à la Monty Python. Un gimmick «Los Déglingados» placé dès que possible dans un refrain. Des impros et des solos, ici et là. 

Pogos et chenille

Parmi quelques uns des moments marquants du show, dans le désordre : les apartés spatio-temporels de Lolo rappelant Dr Emmett Brown, la reprise de l’hymne montpelliérain Mets de l’huile de Regg’Lyss qui nous donna l’impression pendant quelques minutes d’être téléportés à Mimi La Sardine (où le clip fut tourné), la reprise de l’autre grand tube occitanien indémodable et toujours efficace : Tomber la chemise, la mythique Carioca de Chabat et Darmon, la flash mob instinctive sur le tube de Los del Rio, la reprise volontairement écourtée car «c’est chiant» de Wonderwall d’Oasis, les pogos et les sauts incontrôlables sur Smells Like Teen Spirit  de Nirvana, le cercle formé dans le public pour un concours de danse sur Je danse le Mia, une chenille improvisée par des spectateurs euphoriques prêts à embarquer tous les autres, l’Ecocup de bière incroyablement tenu en équilibre sur la tête de Néné, l’interprétation épique du générique de Pokémon (après avoir rappé du Rage Against The Machine, logique) par Martin survolté nous balançant à la figure des cartes du jeu de Pikachu…

Une idée pour vos fêtes

Et ceci en seulement deux heures de temps, alors que, d’après notre indic, ils ont de la ressource pour en assurer le double et ont dû avoir recours à davantage de medley pour cette soirée répétée à la hâte. Autant dire qu’ils ont de quoi largement mettre l’ambiance à une bar-mitsvah, un annif, un mariage, une divorce-party, un pot de départ, un evjf-evg,…N’importe quelle occasion justifiant de faire la fête. Service que notre bande à la nostalgie bien allumée propose sur son site si vous êtes intéressés (ici). 

Le seul petit bémol finalement : leur slogan. Car le public sembla s’être amusé autant qu’eux. Majoritairement composé de trentenaires et de quarantenaires, parfois accompagnés de leurs enfants, en porte-bébé pour les plus téméraires. Tout le monde sembla repartir radieux de cette cure de jouvence. De ce moment de communion. Rassembleur (où Manau haï jadis des puristes côtoya NTM, chose impensable à l’époque). Soit l’exact opposé du discours d’investiture de Donald Trump qui eut lieu deux jours plus tard… au pays de Britney.

En photos le rappeur/DJ dit Néné, le batteur-chanteur Martin, enfin et à la UNE : Loïc Mounier dit Lolo / crédit Tropisme.

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