Fondée en 2021 par deux amis sétois fondus de musique, Florian Sanchez et Paul Brisco, la webradio indépendante Radio Muge est devenue un maillon essentiel de l’effervescence culturelle de l’île singulière en seulement quatre ans d’existence. Unique relais radiophonique sur place des nombreux festivals, ne bénéficiant d’aucune subvention au contraire des radios hertziennes, elle en appelle aux dons pour poursuivre son activité.
Chrissie Hynde fan de Radio Muge
Radio Muge est à RTS -seule autre radio établit à Sète-, ce que les petits commerces sont aux hypermarchés. Un micro proche de ses locaux, de ses festivaliers, et de ses artistes venus s’établir sur l’île singulière, à l’instar du rockeur Tony Truant et de la chanteuse Marie-France, amie de Chrissie Hynde des Pretenders qui lui rend régulièrement visite (ici, la rock star arbore un tee-shirt de Radio Muge devant sa maison d’enfance dans l’Ohio). Du beau monde attiré par ce mélange unique de folklore de la Pointe Courte et de cultures souterraines à la pointe. Sans parler du patrimoine panthéonisable Valéry-Vilar-Brassens-Varda et des grandes figures des arts modestes.
Sa disparition signerait la fin d’un espace de libertés, à taille humaine, où les barrières et les différents volent en éclat, en un rien de temps, autour d’un bon morceau de musique, d’une anecdote, d’une information locale indispensable, ou de l’évocation d’une œuvre de jeunesse marquante. Et elle relèverait d’un paradoxe : comment une ville aussi variée et foisonnante culturellement -on y comptabilise une dizaine de festivals d’envergure rien que l’été- n’a-t-elle pas son antenne alors que d’autres, où il ne se passe pas le quart de ce qui s’y passe ici, ont plusieurs bandes FM subventionnées sur leur territoire ?
Pas d’aide publique pour les webradios
En octobre dernier, 750 radios associatives étaient vent debout contre une baisse des aides financières annoncée par le gouvernement, vécue alors comme «un coup de guillotine», avant que l’éphémère Ministre chargé du Budget Laurent Saint-Martin ne rétropédale provoquant un ouf de soulagement dans toutes les AG.
Ces Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER), accordés par l’État, permettant à ces associations de survivre et de continuer à donner la parole aux citoyens, ne concernent que les hertziennes. Pour les webradios, que nenni ! Alors que question qualité et rôle social de proximité, elles n’ont rien à leur envier. Radio Muge est de celles-là.
Une amitié entre deux fondus de musique
Créée en 2021 par deux amis sétois, Florian Sanchez (ex-journaliste à So Foot, à gauche sur la photo) et Paul Brisco (DJ, co-fondateur des soirées Freshly Cut au Rockstore à l’origine du Worldwilde Festival, Radio Muge a une programmation offrant une part belle à l’effervescence incomparable de ce coin de Méditerranée : du Théâtre Molière labellisé «Scène Nationale» au dernier troquet le plus en vue des adeptes de la bamboche en passant par la librairie « L’Échappée Belle » et ses coups de cœur littéraires du moment.
La sélection musicale aléatoire entre les émissions est exigeante : chaque morceau est préalablement validé par les deux trublions qui sont d’authentiques fanatiques d’Arthur Lee, de Michael Franks (ne surtout pas confondre avec Frank Michael) et de Ninja Tune. Et les émissions animées par d’autres mélomanes, triés sur le volet, sont quant à elles à leur image : éclectiques et pointues.
En quatre ans, Radio Muge, est aussi devenue omniprésente hors de ses murs en co-organisant des événements dans des lieux animés de la ville : au Tempo, au Barbu, au Phangan, à la Ola, à La Guinguette Thau’thèmes…
Un fameux logo signé Bad Georges
Et il n’est désormais plus rare de croiser Grand’Rue Mario Roustan un fin épicurien du coin avec un tee-shirt à l’effigie de la webradio dont le logo est signé de l’atelier de sérigraphie sétois Bad Georges. Marque rendant les traditions populaires, telle la pêche, terriblement cools.
Aujourd’hui, Radio Muge, qui ne fonctionne qu’avec le dévouement de ses deux fondateurs, bénévoles, et de ses donateurs, ne parvient plus à joindre les deux bouts. Et en appelle à notre générosité, non pas pour leur «enrichissement personnel» («nous ne sommes pas les Balkany» précisent-ils) mais pour les aider à payer la SACEM, l’équipement, les factures…Et le loyer de son local où les disques vinyles, parfois en vrac, se comptent par milliers, rappelant ce que furent les radios libres. Bien avant l’avènement du CD. Et dans lequel, il souffle un mistral libertaire à la Good Morning England qu’on aimerait à LOKKO pouvoir toujours entendre siffler.
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