Baston Créative, le studio qui organise les soirées les plus excitantes de la ville

Des combats de DJ dans Un doigt dans le CUE, du cinéma culinaire avec Cinématoque, des soirées électro spéciales Party On Glamour Off : autant d’événements signés Baston Créative, le studio «créatif et récréatif». Et actuellement, au Tri Postal, allez voir RADES, une exposition sur le travail de photojournalisme de Guillaume Blot, qui a fait le tour de France des bistrots. Entretien LOKKO avec le co-fondateur de Baston Creative, Claude Damas.

Le jeudi 13 mars a eu lieu au Tri Postal le vernissage de l’exposition «RADES» d’après le livre du même nom de Guillaume Blot, paru en 2023. Derrière ce terme familier, évoquant les débits de boissons : un travail méticuleux de photojournaliste parti à la recherche des derniers bars populaires encore en activité en France pour immortaliser le rôle social de ces lieux et l’humanité de leurs patrons et de leurs habitués, parfois moqués des citadins. Le lendemain au Diagonal, c’était une séance unique d’Atlantic Bar, documentaire nommé aux Césars 2024, tourné à Arles, et traitant de la même thématique, suivie d’une discussion entre le photographe et le gérant d’un troquet voisin, rue de Verdun : Ô Saloon.

À la manœuvre de ces rendez-vous : Baston Créative. «Un studio créatif et récréatif» qui excelle dans l’organisation d’évènements originaux et investit régulièrement, depuis 2018, ce bar montpelliérain pour réconcilier des mondes, que tout semblerait opposer, en faisant frémir cacahuètes et verres à ballon au son de sets de DJ aux sélections pointilleuses, dansantes mais pas mainstream (Funk, Disco, House, Groove Mondial). Soirées qui peuvent se poursuivre au Rockstore, toujours sous la houlette de Baston (appelé ainsi par les intimes).

Rencontre avec Claude Damas, lui-même pousseur de disques, co-fondateur de cette structure hyperactive depuis 2018, qu’il mène désormais avec mille idées plein la tête.

LOKKO : Claude, pour les plus terrés d’entre nous, qui ont le tort de ne pas aller guincher à l’une de tes soirées, peux-tu te présenter ?

CLAUDE DAMAS. Bientôt 50 ans, bientôt la retraite j’espère (rires), co-fondateur de Baston Créative. Une structure qu’on a fondée en 2018 avec deux amis. Au départ, c’était une boîte de communication à «360°» comme on dit dans le milieu, où on proposait de la photo, de la vidéo, de l’infographie. Puis, après le Covid, je me suis retrouvé seul aux manettes. Les gens étant en demande de sortir à nouveau, je me suis davantage orienté vers l’événementiel, la direction artistique, la curation… Baston est devenu un studio récréatif.

Si mes fiches sont bonnes, tu es originaire de Narbonne et tu avais déjà tâté le terrain de l’événementiel là-bas ?
Oui, je suis de Narbonne où j’ai bossé dans un ciné-club quelques années. Puis j’ai eu un concept-store , Darwin, qui m’a fait rencontrer du monde. Mes premières organisations de soirées, c’était en 99. Je faisais de la direction artistique pour le bar d’un ami. Dans les années 2000, on a lancé les soirées Narbonne t’es bonne où j’ai fait venir des DJ montpelliérains que j’avais rencontrés lors de mes études d’Arts plastiques à Paul Valéry. C’est d’ailleurs en partie ce petit réseau que j’avais constitué, ici, qui m’a motivé plus tard pour m’installer à Montpellier.

Pour que nos lecteurs/trices puissent se faire une idée de la teneur des rendez-vous signés Baston, je te propose un petit exercice : je te cite un de vos événements, révolus ou toujours d’actualité, et tu nous expliques de quoi il retourne.

Un doigt dans le CUE (CUE étant un bouton permettant des transitions fluides sur des tables de mixage et des platines) ?

C’est marrant que tu en parles car j’aimerais beaucoup relancer ce concept au Salon des Indépendants qui a une DA très intéressante et où il se passe toujours un truc. Les soirées Un doigt dans le CUE avaient lieu à l’époque au Lunar . On s’amusait de ce faux débat entre DJ qui jouent en vinyles et DJ en digital, en mettant en scène un faux battle. Aujourd’hui, les nouvelles générations, après s’être jetées sur le digital, reviennent au vinyle et des vieux comme moi, qui pratiquaient exclusivement le vinyle, se sont finalement faits au digital. Depuis peu, je me suis aussi mis au CD. La roue tourne.

Cinématoque ?

C’est un des premiers projets de Baston. Cela faisait suite à un constat : les gens délaissent le cinéma et ses salles obscures pour s’enfermer chez eux sur leur canapé avec leur vidéoprojecteur. L’idée était de pouvoir à nouveau proposer un home cinéma, où l’on pouvait manger durant la séance dans des espaces institutionnels, en faisant en sorte que le film ait un lien avec le lieu. La première s’est déroulée à La Fenêtre, un Centre d’Art, principalement dédié à l’architecture. On y avait diffusé Playtime. Un film construit sur les droites, les verticales, les diagonales, et pour lequel le réalisateur Jacques Tati avait fait construire une ville entière. Ce qui l’a ruiné au passage.

On a fait d’autres éditions au Tri Postal. Et d’autres sont en prévision à Cuve, un ancien chai en centre-ville repris par le gérant de l’imprimerie Tomoe. Et j’aimerais en faire une au Discopathe. Mais, avec une jauge limitée, entre 30 et 40 personnes, c’est un modèle économique fragile…

P.O.G.O (Party On Glamour Off) ?

Ce sont des soirées DJ mensuelles au Rockstore que j’organise depuis début 2024. Où je voulais effacer le DJ, quitte à le cacher derrière un rideau, pour aller à l’opposé de cette démocratisation des Boiler Room : une mode qui me saoûle un peu. Visuellement, un DJ cela n’apporte rien ou très peu. On a donc fait descendre le DJ Booth sur le dancefloor pour qu’il soit au même niveau que le public. Et j’aimerais aller plus loin en installant des panneaux avec miroir sans tain pour que le public puisse se voir danser et ainsi oublier le DJ. C’est en projet. Ce serait une manière de renouer avec ce que les nightclubs furent du temps du mythique Paradise Garage de New-York où la musique, le son, la danse, étaient au cœur des préoccupations.

Barbare ?

Pour le coup, ce sont les premiers events lancés au début de Baston. À Narbonne, on a l’habitude de traîner dans des endroits populaires, avec les rugbymen et compagnie… Puis je suis tombé amoureux d’Ô Saloon quand je l’ai découvert avec un ami. On s’est dit : «ce serait fou si on y organisait une soirée musicale». Après un an de négociations avec les patrons, on a réussi à les convaincre. On a appelé cela Barbare car, au départ, l’idée était de faire une soirée de bar en bar . Ce terme a aussi une connotation sarcastique : il y a beaucoup d’a priori sur les gens qui fréquentent ces bars. Je tente de lutter contre ça. Cela fait 26 ans que j’organise des évènements, et je n’ai jamais eu un accueil aussi chaleureux. Il y a un lien social très fort entre les habitués.

Entre Barbare et RADES, le travail de photojournalisme de Guillaume Blot (ci-dessus), dont tu es le curateur de l’exposition du Tri Postal : une analogie évidente?

Oui, clairement. C’est pour cela que je l’ai contacté. Guillaume a fait le tour de France des bistrots, comme Ô Saloon, qui tendent à disparaître et qui sont des lieux résistants, faisant partie d’un patrimoine culturel. Je suis très content qu’on ait réussi à monter cette exposition au Tri Postal. Il s’agit de notre cinquième exposition avec ce tiers-lieu après Le Stade la Lose, Voitures de fêtes (photo), Nos Nuits sont plus belles que vos Jours, et Pornographisme.

 

Exposition RADES au Tri Postal du 13 mars au 11 avril 2025. Avec plus de 250 immersions réalisées en 4 ans dans nos bars de l’hexagone, la série RADES dresse avec tendresse un panorama de portraits, détails et scènes de vie de ces lieux «résistants», aujourd’hui inscrits au patrimoine immatériel culturel français.

En savoir plus sur les événements de Baston Créative, ici.  

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Articles les plus lus

0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x